Ce soir, j’ai eu l’impression étrange, et pourtant si évidente, que de multiples formes d’art évoluaient et se précisaient devant moi, qu’une véritable scène fictionnelle s’établissait et s’offrait à mes yeux, en un spectacle foisonnant et variable déconcertant. J’observe, intentionnellement ou au hasard, différentes silhouettes, des dizaines de visages et d’expressions inattendues qui composent cette grande parcelle de vie, ce grand instant de contemplation précieux qui se transforme peu à peu, en un dessin animé réel dans un cadre hivernal fabuleux. Ce soir, tout le monde et toute la lumière dansent devant moi, toutes les plus infimes facettes de ce moment de grâce se distinguent, se succèdent et se rencontrent dans une chorégraphie somptueuse et sensorielle, qui répond à ma condition de danseuse statique, animée de tant de sensations aussi surprenantes que touchantes. Un univers coloré et grandissant ouvre ma dix-huitième année d’existence, un antre de vie nouvelle qui se concrétise dans ma condition de nourrice, de bienfaitrice qui borde la ville qui l’a portée pendant tant d’années. Finalement, je porte bien mon nom ce soir : je suis une veilleuse. Ce soir, je te regarde dans les yeux, ma belle Evreux. Et je te regarde les fermer, paisiblement, dans un solennel amas de lignes roses.

Veille du 7 février 2018,17h01.