Les enfants lèvent la tête.
Les adultes baissent la tête.
J’ai fermé les yeux pour « écouter le paysage ».
Des enfants sur la place du marché se demandent si la personne là-haut « fait partie du FBI ». J’ouvre les yeux, je les salue, ils rient. Mais l’un d’eux en partant ne peut s’empêcher de m’adresser un « nique ta race ». C’est triste mais je ne lui en veux pas. Je ne t’en veux pas. Dans les années 90, j’ai souvent dansé au son de « nique ta mère » et j’ai souvent « niqué la police ». Non je ne suis pas du FBI. Cette veille justement, c’est à l’opposé de la surveillance, notions en vogue, symptôme d’une maladie qui sévit ici et ailleurs. Je n’ai pas de race non plus. Et je n’habite nulle part. Cette veille me rappelle que j’habite d’abord mon corps, que je vis entre le ciel et la terre. Pendant une heure j’ai aimé être aussi proche des oiseaux que des hommes. Les oiseaux nous survolent mais ne nous surveillent pas. Je ne suis pas né à Évreux, je n’y ai pas grandi. J’y travaille depuis quelques années. « Le monde, c’est des gens » m’avait dit un jour un ami né au pays du Soleil-Levant. Évreux, ce sont des gens. Beaucoup de gens que j’aime vivent à Évreux, alors J’aime Évreux.
Pour un insomniaque comme moi, l’aube est souvent une libération. Surtout dans une ville qui ne vit pas la nuit. Je souhaite à cette chère ville d’Évreux la joie des nuits blanches, nuits de fêtes et de rencontres, et des jours heureux.
Veille du 16 novembre 2017, 8h07.